Histoire(s) de la zad de Notre-Dame-des-Landes

La sortie d’un livre « Histoire(s) de la zad de Notre-Dame-des-Landes ».

 

« Histoires de la zad de Notre-Dame-des-Landes » : 
    
« Dans le bouillonnement un peu fou du petit monde des occupant-es de la Zad, un problème revient constamment : celui de la transmission de l’histoire […]. »
Ça commence quand, ces « histoires » ? À partir du moment où les premiers agris vendent leurs terres au conseil général dans les années 70 ? Ou dans la foulée, avec les occupations de fermes en soutien aux agris déjà menacés par le département et qui refusent de partir ? Au début des années 2000, quand la relance du projet par le PS suscite la création de l’Acipa ? En 2007, avec l’ouverture du premier squat ? Ou après, suite aux différents appels à occuper ?
Cette histoire à rebondissements n’a jamais cessé de commencer…

Le propos de ce bouquin, qui entend conserver l’esprit de « masse anonyme », du bouillonnement qui a animé la « zone », n’est pas, ou peu, illustré par des photos dévoilant des scènes de vie collective ou livrant des portraits. Pas de chef, pas de porte-parole. Un choix assumé, à rebours du parti pris de livres publiés depuis 2012, où des clichés mettant en avant certains groupes ou quelques individualités dissimulés derrière l’acronyme « ZAD » – qui pourtant ne représentent pas l’extrême hétérogénéité des occupant-es servent à idéaliser et à personnaliser une aventure avant tout chaotique et collective. Les ouvrages jusqu’ici parus n’ont accordé que très peu d’espace aux témoignages de ces personnes qui ont pourtant donné envie à des centaines d’autres de venir habiter sur la zone.

Nombre de textes évoqués plus haut reviennent sur cette préoccupation – essentielle – de la transmission : « […] Raser une maison, c’est souvent en effacer les traces rapidement, en “nettoyant” scrupuleusement ou en reconstruisant par dessus. Les traces de l’acte de destruction sont des bribes de l’histoire des vaincus qu’il s’agit de faire disparaître. Sauver des décombres quelques poutres, raconter des histoires de ces lieux, prendre des photos avant le désert sont autant d’actes de résistance face à la violence de la réécriture de l’histoire par les dominants. Garder des traces pour que la colère sache exister contre l’oubli… »

L’inévitable question demeure : qui écrit, à quelle fin, de quel point de vue ? Pour beaucoup, l’histoire proposée par les ouvrages à gros tirages à partir de 2012 a été en quelque sorte « kidnappée ». Tout s’est déroulé un peu trop vite : un éloge des cabanes, des portraits héroïques, des habitants incontrôlables – mais tellement « vivants » – de la D281, et puis on est passé à des récits victorieux, à l’écriture d’une légende – auréolée par quelques personnalités issues des réseaux intellectuels universitaires, médiatiques, éditoriaux…

Il aurait fallu se contenter d’une histoire écrite au cordeau, mythifiée, à base d’images symboliques, de communs, de reprises de terres, d’agriculture alternative, de lutte internationale ?

Les récits présentés dans les pages qui suivent se font l’écho de ces histoires… La plupart des textes de ce recueil sont inédits. Seuls deux récits sont déjà parus sous forme de brochure. Évidemment, ces pages en appellent d’autres. Afin qu’émergent des paroles jusqu’ici tues ou restées inaudibles.